Dans sa progression spirituelle, le Père Triest a certainement été inspiré par les mystiques médiévaux. Une figure comme Ruusbroec n’est certainement pas étrangère à Triest, et dans ses textes nous trouvons des citations presque littérales quand il parle de l’amour divin qui brûle dans son cœur.

Au cours de son temps de séminaire, il a fait connaissance de saint François de Sales et de saint Vincent de Paul. Ces contemporains du 17ème siècle avaient fortement marqué la spiritualité française. Saint François a tenu comme évêque un plaidoyer que tout le monde était appelé à la sainteté et il a essayé de fonder une nouvelle congrégation des Sœurs qui prendraient soin des malades à domicile. Ses Sœurs de la Visitation ont cependant dû adopter la clôture et sont devenues des moniales.

Saint Vincent de Paul a été profondément influencé par François de Sales et il a développé une vision toute nouvelle de la charité. Il voyait les pauvres comme ses Seigneurs et Maîtres qu’il fallait servir avec amour et respect et il a exhorté à découvrir en chaque pauvre l’icône vivante du Christ lui-même. Saint Vincent a donné un élan tout neuf à la charité, en particulier avec la fondation des Filles de la Charité, qui se sont engagées à la prise en charge des plus pauvres.

Jean de Ruusbroec

Saint François de Sales

Saint Vincent de Paul

Lors de la fondation de ses congrégations, Triest s’est fortement inspiré par ces deux saints, mais quand la proposition d’incorporer ses Sœurs chez les Filles de la Charité avait échoué, il a été invité par l’évêque d’écrire lui-même une règle pour les Sœurs et donc de fonder une congrégation propre. Quant à leur mode de vie, il a opté pour une combinaison claire de la contemplation et de la charité, et il a trouvé l’inspiration à cet effet dans les écrits de saint Bernard de Clairvaux. Ses contacts avec les Trappistes également l’ont influencé à donner un espace à la spiritualité cistercienne dans ses congrégations. Mère Placide, la première supérieure des Sœurs de la Charité, avait sa propre histoire chez les Sœurs Bernardines et le Père Bernard, le premier supérieur des Frères, a été rattaché pendant de nombreuses années à l’hôpital de la Biloque à Gand géré par les Sœurs Cisterciennes.

Saint Bernard de Clairvaux

Mère Placide

Père Bernard de Noter

Il faut placer tout le champ d’action de Triest dans le contexte de la Révolution française, où l’Église a perdu son pouvoir temporel. Il a cherché et trouvé un chemin pour que l’Église gagne à nouveau de l’importance dans la société, non pas en rétablissant le pouvoir, mais en vivant radicalement le message d’amour proclamé par Jésus-Christ dans l’Évangile et en mettant en œuvre ce message par le développement des œuvres concrètes de charité envers les pauvres.

Avec sa fondation des congrégations religieuses de Frères et de Sœurs, Triest a donné également à l’Église et le monde une nouvelle forme de vie religieuse, tout en se basant sur la forme originelle de la vie consacrée, mais avec une mission spécifiquement apostolique et diaconale dans la société.